Afrique : problème de bancarisation et adoption massive des cryptomonnaies
#5 Afrique : Problèmes de bancarisation, explosion démographique et adoption des cryptomonnaies.
Ce nouveau numéro abordera les sujets de la bancarisation du continent africain et du développement des cryptomonnaies en Afrique.
La population de ce continent devrait, d'après les projections des Nations-Unies, atteindre 2,7 milliards en 2050 et 4,5 milliards en 2100.
L'Afrique représente l'un des défis majeurs du 21ème siècle
La bancarisation en Afrique : des inégalités géographiques
Au cours de la dernière décennie, de nombreuses initiatives ont été engagées sur le continent africain par le secteur bancaire afin de favoriser l'inclusion financière de la population.
Malgré cette volonté et des investissements conséquents, la population non-bancarisée (qui n'a pas accès à de services bancaires) sur le continent se dénombre toujours en centaine de millions.
Le taux de bancarisation moyen du continent est passé de 5,7% à 15,7% en dix ans.
Avec, à la clef , une forte inégalité géographique.
Par exemple, au Maghreb, en 2022, le Maroc comptait le plus fort taux de bancarisation avec plus de 53% de sa population qui a accès à un compte bancaire en 2022.
Là ou l'Algérie en compte 44% et la Tunisie 37%.
Alors que la moyenne de bancarisation des pays du Maghreb se situe aux alentours de 45%, l'Afrique Subsaharienne, quant à elle, enregistre les taux les plus bas à l’échelle planétaire.
Seulement 5 à 10% de ses habitants possèdent un compte bancaire.
La bancarisation, un enjeu crucial de développement
La non-bancarisation en Afrique est un problème pour le développement du continent et du niveau de vie des habitants.
Tout d'abord, sans accès à des services bancaires tels que les comptes d'épargne et les prêts, il peut être difficile pour les personnes de gérer leurs finances de manière efficace et de faire face à des dépenses imprévues.
De plus, sans accès à des services financiers fiables, les gens sont contraints de recourir à des pratiques d'épargne telles que la dissimulation de l'argent à la maison. Ce qui peut être dangereux, que ce soit en exposant les gens à des risques de vols ou de destruction de leurs habitations par des changements climatiques.
En outre, la non-bancarisation limite les opportunités économiques pour les populations, car il peut être difficile de faire des investissements importants sans accès à des financements adéquats. Par exemple, ne pas posséder de compte bancaire empêche d'accéder au levier du crédit.
Cela entrave également la croissance économique dans son ensemble. Cette non-bancarisation touche les entreprises locales. Celles-ci peuvent manquer de ressources pour se développer et créer des emplois.
En Afrique, l'adoption des cryptomonnaies comme outil contre l'inflation
L'Afrique compte un grand nombre de détenteurs et d'investisseurs de cryptomonnaies. C'est la deuxième région du monde en termes de détenteurs de cryptomonnaies, après l'Asie.
Plus de 53 millions d'Africains possèdent des cryptomonnaies.
Le Nigeria est le pays africain ayant le plus de détenteurs de cryptomonnaies. Il se classe au 11e rang mondial avec 22,33 millions de détenteurs de cryptomonnaies, soit 10,34% de la population du pays.
Selon un rapport de la plateforme américaine Chainalysis, les pays émergents, tels que le Nigeria, le Maroc, le Kenya et l'Afrique du Sud sont parmi les 20 pays ayant le plus investi dans les cryptomonnaies dans le monde.
Cette tendance à l'adoption des cryptomonnaies de plus en plus forte en Afrique a poussé Binance, la plus grande plateforme d'échange de cryptomonnaies, à renforcer sa présence sur le continent en lançant un hub au Cameroun.
Cet intérêt pour les cryptomonnaies s'explique de par l'instabilité politique de certains pays africains et surtout par l'instabilité financière et l'inflation galopante qui touchent de nombreux pays africains.
Par exemple, le Naira, la monnaie du Nigeria, a perdu -300% de sa valeur face au dollar entre 2014 et 2023, passant de 0.006 dollar à 0.002 dollar.
Alors que le Bitcoin a quand à lui subit une hausse de +3000% sur la même période.
Dans ce contexte, les cryptomonnaies offrent une alternative pour les citoyens africains qui cherchent à protéger leur argent de l'inflation et à réaliser des gains potentiels.
Les cryptomonnaies permettent également le transfert d'argent quasiment sans frais, là où des services comme Western Union prennent des commissions beaucoup plus importantes.
Ces transferts peuvent se faire directement en stablecoin/dollar, protégeant ainsi ses utilisateurs de la volatilité des cours.
La simplicité d'accessibilité des cryptomonnaies permet de stocker et d'échanger de la valeur avec comme seul outil un téléphone et une connexion internet. Pas besoin d'ouvrir un compte bancaire, de posséder des revenus, ou même de donner son identité.
Tout le monde peut se créer son portefeuille et échanger de la valeur.
La Centrafrique adopte Bitcoin comme monnaie et lance son système monétaire numérique "Sango"
Le 22 Avril 2022, la Centrafrique a adopté le bitcoin comme monnaie officielle au côté du franc CFA. La Centrafrique est le deuxième pays au monde à officialiser la cryptomonnaie après le Salvador.
Cette adoption a fait un bruit médiatique moins important que celui du Salvador, mais est pourtant révélatrice de l'enjeu que représentent les cryptomonnaies en Afrique et dans le monde.
La Centrafrique ne s'arrête pas là. Elle est également en train de lancer son propre système monétaire numérique, appelé "Sango", en réponse à l'instabilité financière du pays causée par l'embargo des Nations unies.
Ce système permettra des transactions directes sans intermédiaire et sans frais, offrant une alternative stable aux citoyens et aux entreprises. En utilisant la technologie blockchain, le système garantit la sécurité et la transparence des transactions financières.
L'introduction de Sango a également des avantages pour l'inclusion financière en permettant à ceux qui ne sont pas couverts par le système bancaire traditionnel d'avoir accès à des services financiers. Le système monétaire numérique pourrait également contribuer à stimuler l'économie en offrant des opportunités pour les investissements et les transactions commerciales.
Les autorités locales travaillent actuellement à la mise en place de réglementations pour encadrer l'utilisation de la cryptomonnaie dans le pays.
C'est ainsi que se termine cette newsletter. J'espère qu'elle vous aura plu.
L'adoption des cryptomonnaies en Afrique est en constante augmentation, avec de nombreuses opportunités pour les personnes à la recherche d'une alternative sûre et accessible à la gestion de leur argent.
La Centrafrique se positionne en tant que pionnière en lançant son système monétaire numérique et cette initiative pourrait ouvrir la voie à d'autres pays africains.
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